jeudi 9 décembre 2010

Les Colocs

Je suis fière d'inaugurer ce blogue avec un groupe que je considère être le meilleur band de l'histoire musical du Québec.

Groupe culte des années 1990, Les Colocs est, selon moi, un des plus importants groupes de l'histoire musicale du Québec.
Et, si vous me le permettez, je le considère comme le meilleur groupe à avoir vu le jour dans les contrées québécoises. Rien de moins.

Reflétant le regain d'énergie des années '90, la musique (inclassable) des Colocs est un mélange éclectique de rock, de swing, de country, de reggae, de blues, de folklore, de rap, de klezmer, de sonorités africaines, de claquette, de gumboot, etc. J'y vois même une influence grunge dans la sincérité et la spontanéité des membres du groupe sur la scène.

Engagée, la chanson chez Les Colocs est empreinte de critique sociale. Plusieurs thèmes sont abordés - notamment la pauvreté, la marginalisation, la violence, le monde de la rue, la drogue, les médias, la mondialisation, la souveraineté québécoise, etc - dans la poésie du langage de la vie de tous les jours, chantés sur des airs enjoués. Il s’agit ici d’une volonté de donner une voix au plus démunis dans une langue qui leur est propre. « On peut danser et réfléchir en même temps », disait Dédé Fortin.

Mais Les Colocs chante aussi les émotions quotidiennes et humaines, que ce soit l'amitié, la dépression, l'amour ou la folie.

Le nom du groupe vient du fait que les gars furent colocataires en plus d'être membres du même band.



Biographie (composée par mes soins)

Les débuts
Fondé en 1990, au troisième étage du 2116 du boulevard Saint-Laurent à Montréal, Les Colocs se fait remarquer au Festival d'Été de Québec en 1992, alors qu'aucun album n'avait encore vu le jour.
Le groupe participe aussi à L'empire des futurs stars, un concours professionnel de musique. Il se rend en finale, mais les membres refusent en fin de compte de se rendre jusqu'au bout, car ils veulent avoir le libre choix de leur compagnie de  disque. Le concours exigeait en effet de choisir entre les trois commanditaires.
Ils signeront avec la compagnie BMG.

Le premier album
L'année 1993 est celle du lancement de leur premier album, éponyme. Dédé Fortin réalisa lui-même le premier clip du premier extrait, Julie, puisqu'il a étudié en cinéma. Ce clip, fait par procédé de pixilation, remporte un hommage du Rendez-vous du cinéma Québécois. Le clip de La rue principale, quant à lui, fut tourné avec moins de 100 dollars de budget grâce à l'ingéniosité et l'originalité du groupe. Le  groupe gagne aussi quatre trophées Félix l'année suivante, dont "Révélation de l'année" et "Groupe de l'année". Plusieurs chansons cultes sont désormais vivantes dans le coeur des gens : Julie, écrite pour la nièce de Dédé Fortin qui porte le même nom, La rue principale, Passe-moé la puck, Séropositif Boogie, chanté par Patrick Esposition qui est lui-même sidéen, Dédé, etc.

L'harmoniciste Marseillais, Patrick Esposito di Napoli, sidéen qui ne prenait aucune médication (il était un immigrant illégal), meurt en novembre 1994. Cela affecte Dédé Fortin au plus haut point.

Les sombres années
André Fortin convainc la maison de disques de les laisser lancer un album mi-live mi-studio (en tant que deuxième album...), Atrocetomique, qui fut en fait entièrement enregistré en concert. Dédé Fortin fixe la date de lancement, le 30 octobre 1995, le soir du référendum sur la souveraineté du Québec, puisqu'il est lui-même très engagé dans la cause indépendantiste. La défaite référendaire laisse celui-ci, les yeux plein d'eau, brisé, déçu, affecté.

Bon Yeu est le principal succès de cet album. Le clip est tourné avec des gens sans-emploi qui sont payés 100$ chacun par journée. Le tournage dure deux jours.

L'année 1996 est difficile pour le groupe. En plus d'un changement de line-up causé par des désaccords, le guitariste Mike Sawatsky subit un accident de voiture qui, selon la légende, le  laisse dans le coma durant presque deux mois.

Le chef d'oeuvre
Dehors novembre fut enregistré dans un chalet à Saint-Étienne-de-Bolton, composé par le groupe, mais entièrement écrit par Dédé. Ce troisième album sort en 1998. Manifestement plus sombre que les deux précédents volets, cet album explore des influences nouvelles. La participation des frères Diouf, qui y chantent en Wolof, y sera pour quelque chose. Sans oublier les influences latines et klezmer. Mais c'est surtout par sa poésie et sa noiceur que l'album touche et rejoint le public. L'album devient un succès, et un album culte pour les futures générations.
L'album fut dédié à Patrick Esposito.

Pis si au moins, et Tassez-vous de d'là rencontrent le succès populaire, Tassez-vous de d'là devenant même LE plus grands succès du groupe, et a droit à un des plus beaux clips de son histoire.
Le répondeur est peut-être la chanson la plus triste des Colocs, puisqu'elle ne bénéficie pas de cette ambiance enjouée si caractéristique du groupe.
La chanson U-turn raconte l'accident de voiture de Mike Sawatsky, et est chantée en anglais (Mike était un Cri d'origine anglophone).
Belzébuth, une sorte de mini opéra-rock, est peut-être la plus belle chanson du groupe, présentant une prose magnifique et un chant intense.

En 1999, le band est à l'apogée de son succès. Le groupe donne un spectacle devant 40 000 spectateurs  sur les plaines d’Abraham à Québec. Un jury international leur  attribuera le prix Miroir de la chanson d’expression française pour  leurs concerts au festival d’été de Québec. Les Colocs est proclamé  « groupe de l’année » au gala de l’Adisq. Dehors novembre s'écoula à plus de 100 000 exemplaires, ce qui en fait un disque certifié platine.

Le suicide
Le 10 mai 2000, Dédé Fortin est retrouvé sans vie dans son appartement. Sa mort remonterait au 8 mai. Je ne me sens pas trop à l'aise de discuter de son suicide, alors je vous renvois sur la page wikipédia du chanteur où une discussion sur le sujet à lieu.

Il faut seulement comprendre que la mort de André Fortin eut au Québec un impact équivalant à celle de Kurt Cobain aux États-Unis. Peu seront en désaccord avec moi.

La veille de sa mort, Dédé a envoyé un poème, La Comète, à son gérant. Ce dernier l'a fait publié dans La Presse.

Un album sans Dédé
En hommage à André « Dédé » Fortin et au parcours de Colocs qui a maintenant pris fin, les membres restants du groupe sortent Suite 2116 en 2001, album posthume qui contient des chansons inédites, des extraits de ce qu'aurait pu être le prochain album sortie de l'imaginaire de Dédé. Selon certains, l'album que Dédé avait en tête aurait pu être meilleur que Dehors novembre. Les échantillons que l'on peut entendre donnent envie de le penser. Cet album fut celui qui connu le succès le plus moindre, Les Colocs se refusant à promovoir l'album par la disparition de leur ami.

La chanson inédite Paysage, une adaptation musicale par Dédé du poème du même nom de Charles Baudelaire, connue aussi un succès d'estime.

Selon le gérant du groupe, Raymond Paquin, il s'agit d'un album troublant auquel la critique n'a rien compris : « Le  dernier hommage à Dédé lui a été rendu par un Indien, un Belge, trois  Anglais, deux Sénégalais et une dizaine d'Autochtones. Personne n'a  “allumé”… ».

Un dernier hommage
En 2009, un mini-album posthume est sortie, en hommage à Dédé Fortin : Il me parle de bonheur. Il contient la dernière chanson du groupe, La comète, basé sur le poème de Dédé. Le chanteur l'avait en effet enregistré avant son décès, avec comme seul élément musical, la podorythmie (un reel). « Comme dans le temps, il y avait une atmosphère de rassemblement durant l'enregistrement de la chanson. On ne s'est pas juste  retrouvé entre nous, on s'est plutôt tous retrouvé avec Dédé pour une  dernière fois en studio. Inspirés des mots et la mélodie de Dédé, nous  avons aussi eu la chance de retrouver le style musical des Colocs. Cette  inspiration positive nous a apporté beaucoup de bonheur », explique le guitariste Mike Sawatzky dans les pages liminaires de la pochette.

Cette même année, un film fut également réalisé sur André Fortin : Dédé, à travers les brumes.

Liens

2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci Masha pour ton extraordinaire apporte.

A+

Laurence a dit…

Bel article :)