vendredi 24 décembre 2010

A Serious Man - par Ethan et Joel Coen

Un de mes films préférés des deux frères Coen : A Serious Man, une comédie dramatique inspirée par ce que l'on appelle l'humour noir juif.

Réalisation et scénario : Ethan Coen, Joel Coen
Année de sortie : 2009
Avec : Michael Stuhlbarg, Fred Melamed, Richard Kind et Alan Mandell. 
Synopsis
En 1967, Larry Gopnik, un professeur de physique, mène une existence dont rien ne va plus : sa femme veut le quitter pour un de ses collègues ; son fils consomme de la drogue ; sa fille ne pense qu’à se laver les cheveux ; son frère, un surdoué qui a des problèmes mentaux, vit sur son divan ; son voisin est une sorte de J-I antisémite qui ne respecte pas les limites du terrain ; les problèmes financiers l'assaillent ; des lettres anonymes sont envoyé à son travail, lui enlèvant ses chances d’obtenir le poste tutoral qu’il vise ; et le père d’un de ses étudiants le fait chanter. Le sort s’acharne sur lui, et tout va en empirant sans cesse. Ne sachant pas comment réagir face à tout cela, il décide d’aller voir des rabbins. Trois rabbins à qui demander conseils.

Un Job contemporain
A serious man, le quatorzième film écrit et réalisé par les frères Coen, explore la notion de fatalité à travers le thème de la soumission au destin. En effet, ce récit montre que le sort s’acharne parfois sur certaines gens qui n’ont pourtant rien fait de mal. On ressent ici une influence de l’histoire judaïque de Job.
Dès la première scène, le spectateur est confronté à cette fatalité injuste : un conte d’horreur en yiddish explique de façon métaphorique, à travers un fantôme qui vient hanter un couple dont l’homme lui a pourtant donné un coup de main sur le bord de la route enneigée, que l’on peut être maudit sans raison, et tout perdre. 
Le personnage principal du film, Larry, comprend à force de souffrances que la vision qu’il avait des choses était fausse. Il se retrouve devant rien, ayant perdu ses certitudes. Il subit les malheurs qui lui tombent dessus sans jamais se révolter contre eux. Il ne contrôle rien de ce qui lui arrive. Il ne peut que pleurer, sans plus. Il ne parle pas lorsqu’il le peut. Pour la première fois dans leur filmographie, les frères Coen montrent un personnage vide, sans volonté, qui ne fait que subir les aléas du sort, et qui est pratiquement construit par eux. Ce personnage vit pleinement son destin, même si celui-ci est négatif. Il lui est totalement soumis. Son existence est absurde. Il y cherche néanmoins un sens, à travers la quête des trois rabbins. Cependant, la question de l’existence de Dieu n’est pas tant abordée dans ce film, probablement par pudeur de la part des frères Coen qui aborde aussi ouvertement leurs origines judaïques pour la première fois.

Larry ressemble à ce Job biblique dont la vie s’écroula entièrement tandis qu’il restait là, impassible, à prier. 
Dans A serious man, les frère Coen explorent un univers où la soumission du personnage aux malheurs de sa vie, son non-combat face au destin, sa quête dépourvue de sens, montrent une fatalité cruelle et inéluctable, mais surtout, injuste.

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