dimanche 17 juillet 2011

Les voisins - de Claude Meunier et Louis Saïa

Quatrième de couverture
Trois couples de banlieue se réunissent à l'improviste autour d'une projection de diapositives de voyage. À la fin d'une soirée qui tourne en rond et dont les sujets de conservation atteignent souvent le vide de l'absurde, les voisins s'adonnent à une charade qui tourne cette fois au tragique: un des maris mime une défaillance cardiaque qui s'avère réelle.

Claude Meunier et Louis Saia jettent un regard acide sur la vie de banlieue, son folklore matériel omniprésent et ses drames existentiels.

MEUNIER, Claude, SAÏA, Louis. Les voisins, Lemeac, coll. Théâtre, 2002 (1980), 104p


Au club vidéo, avant-hier soir, pour décompresser du stress des déménagements (plus qu'un seul!!!!), j'errais dans la section des films québécois en cherchant une bonne comédie. D'ailleurs, à ce propos, pourquoi cette section est-elle si petite? Quoique si je compare à celle des films étrangers, je me dis que ce n'est pas si pire au final... Enfin, bref, mon regard vague se posait à peine sur les jaquettes des comédies pas-drôles-pour-les-matantes, lorsque, dans un coin,  un titre éveilla en moi une pincée de nostalgie : Les Voisins. Un souvenir s'imposa avec douceur à mon esprit. J'avais lu la pièce à quatorze ans. Mon professeur d'art dramatique m'en parlait souvent, et je l'avais lue par curiosité, après lui avoir emprunté un exemplaire. Le film devant moi était l'adaptation la plus célèbre des Voisins, celle de Télé-Québec datant de 1987. Téléthéâtre au budget très restreint, plus ou moins réussi, mais néanmoins un classique, il m'a donné envie de vous parlez de la pièce écrite, et de partager un petit extrait du modeste film.

Les Voisins, un peu comme La Cantatrice chauve, met en scène des personnages au prise dans une vie routinière et matérialiste qui comblent tous les silences par des mots vides de sens. Mais ici, il s'agit d'une médiocrité de banlieue de classe moyenne, là où on montrait des bourgeois enrichis dans la pièce d'Ionesco. Les voisins taillent leur haies, bronzent dans le jardin, mangent des sandwich en jouant aux cartes ou jouent à des charades dans le salon. Ils se complaisent dans ses conversations inutiles et dans des formules de politesse préfabriquées au lieu de vraiment communiquer entre eux. Pire : ils nous ressemblent. Car Claude Meunier possède un talent immense : il sait parodier des gens proche de nous, comme nous. On reconnaît nos propres voisins à travers ses personnages, que ce soit dans sa célèbre série télé La petite vie ou dans son succès populaire théâtrale Broue. Il en va de même dans Les voisins où on reconnaît avec aisance sa plume derrière certaines phrases devenus des tics récurrents dans ses œuvres. C'est encore plus vrai dans le téléfilm avec des acteurs « habitués » de Meunier : Serge Thériault (Paul et Paul, Ding et Dong et La petite vie), Marc Messier (Broue, La petite vie) et Rémy Girard (La petite vie). Ils agissent comme nous, et on les reconnaît. Avec angoisse. On ignore si on doit rire ou pleurer devant leur inaction. Ces personnages réalistes ont des problèmes personnels assez graves. Certains couples battent de l'aile, la santé d'un autre personnage décline, les dangers de la dépression se font sentir à chaque instant... Je pense que la plume de Louis Saïa intervient dans ces moments de médiocrité, où une haie de cèdre brisée peut devenir le Vietnam d'un personnage se raccrochant avec désespoir à cette clôture d'arbre, unique raison de vivre, devançant femme et enfants... Le moment où Jeanine réussit à résumer son voyage en Europe avec quelques photos de l'eau sale de la Seine, d'un avion et d'une vache me semble plutôt un moment d'écriture partagé à deux, vraiment en harmonie avec les deux plumes. Absurde, drôle... et triste. Ces gens ne savent même pas profiter de l'instant présent, et se raccrochent à des objets plus qu'à des moments... ou des personnes. Toutefois, certains personnages, à la fois plus et moins blasés que les autres je présume, sont près d'une prise de conscience pas tout-à-fait assumée. Je parle de Laurette, consciente que l'ennui la tue à petit feu et de Suzy qui provoque sa mère dans le but de la faire réagir, de la sortir de sa catalepsie quotidienne.

Les voisins, une pièce d'une grande intelligence remplie d'humour et de douceur, qui montre des personnages qui n'ont rien à dire, mais qui le disent tout de même, dans le but d'oublier les silences et les introspections.

5 commentaires:

Biblio a dit…

Vraiment drôle (même si certaines expressions m'ont un peu échappées).
J'aime beaucoup les coupes de cheveux !

Suzanne a dit…

Que de beaux souvenirs pour moi cette pièce que j,ai vue il y a quand même un sacré bout. Tiens, tu mes donnes envie de la lire cette fois. Excellent billet gentille dame.

Mascha a dit…

Biblio :
Années 1980 = coupes de cheveux gonflées à l'hélium et coupées au sécateur. ^^

Mascha a dit…

Suzan :
Mais de rien! Moi aussi j'ai une de ces envies de la relire (une troisième fois!) depuis que j'ai vu le télé-théâtre. ^^'

Nahis a dit…

Coucou Masha! (je sais que ce n'est peut être pas l'endroit où poster un com qui n'a rien a voir avec l'article sur le théatre ou les voisins ^^)

je voulais juste te remercier de ton passage sur le blog, c'est très gentil et tes commentaires m'on fait plaisir!^^
j'y ai d'ailleur répondu ;)

merci encore :)