mardi 1 février 2011

Vertigo - par Alfred Hitchcock

Fiche technique
Titre : Vertigo / Sueurs froides
Réalisateur : Alfred Hitchcock
Avec : James Stuart, Kim Novak
Date : 1958

Synopsis
À San Francisco, John « Scottie » Ferguson (Stuart) est victime de vertiges depuis la chute mortelle d'un de ses collègues policiers. Cet acrophobie le pousse à quitter son emploi. Quelque temps plus tard, une de ses connaissances, Gavin Elster, le contacte pour l'engager dans une enquête privé : celui-ci prétend que sa conjointe Madeleine est possédée par l'esprit de son aïeule. D'abord réticent, Scottie finit par accepter afin de rendre un service à cet ami d'enfance. Mais Madeleine (Novak) le fascinera, au point où il en tombera amoureux...


La réputation
Vertigo reçut le titre de trésor national aux États-Unis grâce aux prises de vue de San Francisco. Les cinéphiles du monde entier, quant à eux, le classent parmi les meilleurs films de tous les temps. C'est aussi durant le tournage de ce film que M. Hitchcock inventa la technique du travelling compensé, dit aussi « effet vertigo ».


Mon appréciation
Il sera toujours difficile pour moi de faire une véritable appréciation d'un classique dont tout a déjà été dit. Mais parfois je deviens plus loquace à propos de certains films. Je vois plein de détails devant mes yeux, mon cerveau regorge de trop d'idées à la fois, et je suis obligée d'écrire une liste pour démêler tout cela. Voici donc ma petite liste « des raisons pour visionner ce film au moins une fois dans sa vie ». Je vous préviens, je dévoile des moments clés, alors ne le lisez pas si vous vous réservez la surprise.

Les plus

Les magnifiques prises de vue de San Francisco montrent cette cité sous son plus beau jour, et ce, même lors des moments de tensions ou de crises. Cela confère au film un visuel de toute beauté!





L'utilisation des couleurs primaires en tant que miroirs des personnages changent totalement l'aspect à la fois visuel et psychologique du film. Par exemple, le vert se rattache au passé, et le gris signale l'étrangeté dans cet univers.



Ou bien l'extraordinaire scène du rêve dont les couleurs reflètent l'intériorité de Scottie, en plus de procurer un sentiment de vertige angoissant.





Le côté psychanalytique, bien que repoussant dans la majorité des histoires, offre ici tout son double sens au film. En effet, Vertigo raconte avant tout le récit d'un nécrophile : Hitchcock le confia à Truffaut lors d'un entretien notoire. Scottie ne se repaît d'aucune vie sexuelle - il n'a même jamais connu la femme, une plaisanterie le laisse supposer au début de l'histoire. Et si l'on observe avec attention la scène où il s'évanouit, pris d'un nouveau vertige devant la fenêtre, on peut y voir des croquis de femmes nues. Alors, il n'aime Madeleine que parce qu'il croit avoir affaire à une femme possédée par l'esprit d'une morte. Il ne ressent de l'attirance pour Judy uniquement parce qu'elle ressemble à Madeleine, décédée un an plus tôt.

La subtile influence de Pygmalion permet de faire une mythanalyse profonde de cette histoire. Scottie devient le sculpteur grecque, et Judy (la sosie de Madeleine [Novak] présente dans la deuxième partie du film) se transforme en une Galatée moderne. Scottie veut métamorphoser Judy à l'image de la morte aimée à l'aide de bijoux et de vêtements, et ce, jusqu'à en changer l'intérieur de sa personne... jusqu'à la détruire en réalité, la transformant de fait... en morte.


Les moins

Je me sens mal à l'aise à l'idée d'écrire un billet cent pour cent laudatif, alors voici les caractéristiques considérées plus faibles.

Les longueurs typiques de plusieurs films hitchcockiens font bel et bien partie de Vertigo, surtout lors de la première partie.

Hitchcock réalise un autre film manichéen, où le mal est puni à la fin. On y échappe pas. Sans oublier que pour exporter le film en Europe, Hitchcock a dû se soumettre à une loi européenne en vigueur dans quelques pays du vieux continent qui veut qu'aucun crime ne reste impuni, alors il existe une fin alternative pour répondre à cela (!)

Enfin, le jeu de Kim Novak a déplu à Hitchcock, au point où celui-ci déclara après le tournage avoir « perdu tout intérêt pour le personnage et le film en lui-même ». De fait, il s'agit encore d'une dispute entre le cinéaste et un de ses acteurs, assez courante dans la vie de Hitchcock. Mais je dois avouer que moi-même je n'ai pas été touchée par le jeu de Novak, trop crispée, soumise et inexpressive à mon goût. J'aurais préféré voir une femme détruite, mais résistante un petit peu, comme un cerf blessé. Et une femme expressive, surtout lors des moments de « possession ».


Point controversé

Un élément du film déplaît autant à certains qu'il en satisfait d'autres. Je parle du fameux « secret » que le spectateur connaît dès le milieu de l'intrigue. Pour les détracteurs, cela rend le film morne et sans intérêt. Pour les approbateurs, cela met le film sous une autre perspective pour le spectateur, reconduisant le suspense dans la réaction et les gestes de Scottie qui est maintenu dans l'ignorance dudit secret. À vous de vous faire votre propre opinion là-dessus. ;-)


En conclusion,
Vertigo d'Alfred Hitchcock se classe dans les meilleurs film du cinéaste malgré quelques petits défauts, comme le manichéisme ou quelques longueurs. La beauté de ses images et la profondeur de son sujet en font un classique auprès des amateurs du genre.
C'est le film idéal pour ceux qui désirent découvrir ce réalisateur culte.

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