vendredi 22 avril 2011

Le Projet Andersen - de Robert Lepage

LEPAGE, Robert. Le projet Andersen. Préface de Lars Seeberg. Québec, L'instant même, « L'instant scène », 2007, 96 pages, accompagné d'un DVD sur la création du spectacle. 
Pour l’Europe, vendu exclusivement sous l’étiquette Les 400 coups, ISBN 978-2-84596-091

Répondant à une commande de l'Opéra Garnier, un auteur québécois s'installe à Paris, rue Saint-Denis, afin de créer le livret d'une œuvre lyrique pour enfants tirée d'un conte de Hans Christian Andersen. Il y côtoie un administrateur d'opéra aux penchants insoupçonnés, un jeune concierge maghrébin passionné de graffitis, et un chien dont on se demande s'il n'est pas le véritable guide du récit.

S'inspirant librement de deux contes d'Andersen (« La Dryade » et « L'Ombre ») et de quelques épisodes parisiens de la vie du célèbre auteur danois, Robert Lepage explore, dans Le projet Andersen, les territoires troubles de l'identité sexuelle, des fantasmes inassouvis et de la soif de reconnaissance qui se dessinent en filigrane dans la vie et l'œuvre d'Andersen.

Comme toujours chez Robert Lepage, c'est par le voyage, le mouvement vers l'Autre, l'étranger, qu'un Québécois tente de découvrir ce qui le touche et l'anime.

Machineries et merveilles
Pièce commandée par la reine du Danemark pour commémorer le deux centième anniversaire de naissance de Hans Christian Andersen, elle n'en demeure pas moins le lieu d'une exploration à la fois technologique et psychanalytique - oui, ces mots peuvent faire on ménage si on leur en donne la chance - mais surtout près du merveilleux.
Explorant non seulement le concept de la culture en opposition à la nature par le biais de l'opéra contre la pornographie, mais aussi l'opposition entre l'ombre et la lumière en chaque être humain, Robert Lepage livre ici une pièce songée mettant en scène un Québécois explorant son intérieur propre dans un pays étranger, un Français dont la réussite cache en fait un total manque de contrôle sur lui-même et sur ses pulsions, et un Maghrébin en quête d'art et d'équilibre. La création et la destruction se côtoient ici en une parfaite complémentarité, et donnent un sens à la vie des personnages, tous incarnés par le même acteur, Robert Lepage ou Yves Jacques selon les représentations.

Profonde, technologique, onirique et signifiante, cette pièce approfondit une théorie de Robert Lepage voulant que le théâtre explore des voies plus cinématographiques afin que répondre à l'intelligence du public, exacerbée par les films qui poussent toujours les histoires plus loin, tant pour le spectateurs que pour le réalisateur. En créant une pièce dont l'action se déroule aussi vite et de façon aussi complexe que dans un film, on empêche le public de s'ennuyer tout en le respectant dans ses capacités intellectuelles. Car le cinéma devient de plus en plus comme le théâtre, et le théâtre comme le cinéma. C'est une progression, et c'est magnifique. Surtout si cela nous offre des pièces comme Le projet Andersen.


2 commentaires:

Helja K. Leikkona a dit…

J'ai eu la chance de pouvoir voir ce spectacle il y a deux-trois ans, quand il est passé à Caen, et j'en garde vraiment un excellent souvenir ^^

Mascha a dit…

Oh chanceuse! Je rêve de voir un spectacle mis en scène par Robert Lepage!
Te souviens-tu qui jouait le rôle titre dans cette représentation? Robert Lepage ou Yves Jacques?

Merci de ce petit tour sur mon blogue!!