mardi 5 juin 2012

Un bébé pour Rosemary - d'Ira Levin

Levin, Ira. Un bébé pour Rosemary (Rosemary's baby), 1967.

Résumé
Un cinq pièces au Bradford en plein coeur de New York, quel bonheur pour un jeune couple! Rosemary et Guy n'en reviennent pas. Les jaloux disent que l'immeuble est maudit, marqué par la magie noire, que le sinistre Marcato y habita, que les sueurs Trench y pratiquèrent des sacrifices immondes...
Peu de temps après l'arrivée de Rosemary, une jeune fille se jette par la fenêtre.
Une étrange odeur règne dans les appartements. Quant aux voisins, leurs yeux sont bizarres, leurs prévenances suspectes. Guy lui-même change, et sa jeune femme, poursuivie par des rêves atroces, lutte en vain contre une terreur grandissante.
Que deviendra, dans ces conditions, le bébé de Rosemary...?

L'histoire de Rosemary
Un bébé pour Rosemary est un petit grand roman. Un roman fantastique et horrifique qui ne laisse pas indifférent. Immortalisé, à l'écran par Roman Polanski, et par les assassinats de Charles Manson, ce livre demeurera encore longtemps un classique de la littérature américaine.

Ce livre, c'est l'histoire d'une femme, Rosemary, qui emménage avec son mari dans l'immeuble de ses rêves, le Bradford, en faisant fi des rumeurs de lieu maudit qui l'entourent. La principale force de ce roman, c'est sa présentation du quotidien. Moult détails rendent réalistes la description de la vie de Rosemary. On suit son déménagement, son couple, ses tâches journalières au sein de l'appartement... le tout sans se douter de l'horreur qui va arriver. La force de ce roman, c'est d'instiller une lente paranoïa en faisant appel à l'imagination du lecteur grâce à de petites vétilles à première vue anodines. Le doute s'installe, mais la réponse se fait attendre, jusqu'à la résolution à la toute fin du roman. Il faut dire que l'on suit le point de vue de Rosemary, donc, ses pensées, ses inquiétudes et ses soupçons. On ignore si elle voit juste ou si elle s'imagine des choses. C'est ce point qui fait tout l'intérêt du roman. Rosemary tombe enceinte. Mais sa grossesse si difficile est telle la cause d'une fuite hors de la réalité? Sa grossesse est telle, au contraire, anormale? Y a-t-il conspiration dans l'immeuble autour de sa gravidité? Les voisins, un couple âgé, se montrent fort attentionnés envers elle et son mari. Cette gentillesse est-elle sincère? Rosemary ne sait plus où elle en est. Une chose demeure certaine : le ton ironique employé par Ira Levin permet un détachement du pathos qui empêche le récit de sombrer dans le kitsch. C'est avec brio que s'effectue le basculement de la réalité vers le fantastique. Un seul point peut par contre porter ombrage au récit. Mais comme il s'agit d'un spoiler, je conseille à ceux qui ne veulent pas lire de révélations de cesser la lecture de ce commentaire critique. En 1967, au moment de la publication d'Un bébé pour Rosemary, les thèmes du satanisme et de la sorcellerie était dans l'air du temps. De nos jours, ce thème peut rebuter plusieurs personnes tant il peut nous sembler cliché et irréaliste. Mais, comme on dit, cela ne fait que mieux refléter son époque. En se replongeant dans la mentalité américaine de la fin des années '60, on peut donc pleinement apprécier cette lecture à sa juste valeur. ;-)

En conclusion, Un bébé pour Rosemary est un grand classique de la littérature d'horreur états-unienne que je recommande vivement. Ce livre se laisse dévorer d'un seul coup. Idéal pour passer à travers des jours de pluie ou des nuits blanches (pour l'ambiance sombre) tout en passant un moment fort agréable avec une excellente histoire.

Extrait
Rosemary ne se souvenait des sinistres avertissement de Hutch que lorsqu'elle descendait au sous-sol pour faire la lessive, environ tous les quatre jours, et cela la mettait mal à l'aise. L'ascenseur de service était déjà peu rassurant (petit, sujet à des grincements et à des secousses inattendues, et sans liftier pour le manœuvrer), et le sous-sol lui-même était un endroit peu engageant, avec ses couloirs de brique au badigeon écaillé, au bout desquels on entendait s'éloigner des bruits de pas étouffés, où des portes qu'on ne voyait pas se refermaient brusquement avec un bruit sourd, et où de vieux réfrigérateurs au rebut tournaient leur porte contre le mur sous des ampoules électriques à l'éclat brutal derrière leurs muselières de grillage.
C'était là, se rappelait Rosemary, qu'on avait trouvé, il n'y avait pas si longtemps, le cadavre d'un nouveau né enveloppé dans un journal. L'enfant de qui était-ce? Et comment était-il mort? Qui l'avait découvert? La personne qui l'avait abandonné avait-elle été arrêtée, et condamnée?

Lu dans le cadre du challenge Un classique par mois

10 commentaires:

Karine:) a dit…

J'ai failli mourir en écoutant le film quand j'étais petite. Je pense que je vais passer mon tout sur la lecture!

Philisine Cave a dit…

Je ne suis pas capable de lire de l'horreur encore ! bises

Allie a dit…

Pas certaine que je le lirai... J'ai adoré Les femmes de Stepford. Mais le sujet d'un Bébé pour Rosemary me fait frémir juste d'en parler...

Isa a dit…

Ma mère a acheté ce livre avant ma naissance et il prend la poussière depuis de nombreuses années chez nous. Elle n'arrête pas de me répéter que je devrais le lire, peut-être que je devrais, effectivement !

Lilichat a dit…

Tiens, je ne savais pas que le film de Polanski était une adaptation d'un roman. Tu m'as donné envie de découvrir ce livre!

Matthieu Legault a dit…

Il y a une suite par le même auteur "Le Fils de Rosemary", mais je ne l'ai jamais lu.

Mascha a dit…

Karine : je n'ai pas vue le film, mais le livre ne fait pas peur en tant que tel. Il questionne plus qu'il n'effraie. ;)

Allie : je rêve de lire Les femmes de Stepford. Il est sur ma Wish List. ^^

Isa : je te recommande vivement cette lecture en tout cas! ;)

Lilichat : tant mieux si mon article a servi à quelque chose, héhé. ;)

Matthieu : je suis au courant également, mais je ne l'ai pas lu non plus. :(

Mascha a dit…

Merci à toutes et à tous pour vos commentaires. ;)

Anonyme a dit…

Pour toutes les âmes sensibles, je déconseille fortement la lecture de ce roman pendant la nuit! Frayeurs et cauchemards garentis! Mais ne vous privez pas de lire cette oeuvre, vous passeriez à côté de quelque chose...

Anonyme a dit…

Ce n'est pas facile de donner un avis sur un tel classique, en particulier lorsqu'il a été porté à l'écran par Polansky. Ce livre du registre fantastique m'a toutefois plu.
La relation à la maternité est complexe toute les trois pages on espère qu'elle va le perdre tout en souhaitant qu'elle le garde, une des forces de ce livre et de nous faire partarger l'ambiguité que vit le personnage principal. Il y a également la question des voisins qui sont presque aussi envahissants que les personnages de "dans la peau de John malkovitch", C'est vrai que dans la vie quand les gens semblent trop prévenant il est rare qu'ils n'aient pas une idée derrière la tête. Rosemary's babie est un bon livre, dont l'étude psychologie contrebalance bien le manque d'action.

http://sfsarthe.blog.free.fr