mercredi 11 mai 2011

Sa majesté des mouches - de William Golding

GOLDING, William, Sa majesté des mouches, trad. de l'anglais par Lola Tranec. Gallimard, Coll. Folio, Paris, 1993, 245p.

Extrait (p. 42)
— Mais c'est une île sympathique. On est montés au sommet de la montagne, Jack, Simon et moi. C'est formidable. Il y a à boire et à manger et …
— Des rochers …
— Des fleurs bleues …
Il commença à faire de grands gestes.
— C'est comme dans un livre.
Aussitôt une clameur s'éleva.
— L'île au trésor …
— Robinson Crusoé …
— Robinsons suisses …
Ralph agita la conque.
— Cette île est à nous. Elle est vraiment sympa. On s'amusera tant que les grandes personnes ne seront pas venues nous chercher.

Quatrième de couverture
Une condamnation sans appel de l'utopie — non pas comme genre littéraire, mais comme projet réformiste ou révolutionnaire. C'est une tentative de démonstration expérimentale des effets inéluctables de la faute originelle : abandonnés à eux-mêmes sur une île déserte, de jeunes enfants commettent spontanément — naturellement ? — le pire : un embryon de société s'organise, les forts dominent les faibles, le sang ne tarde pas à couler …

L'avion qui transportait des collégiens britanniques vient de s'abîmer dans le Pacifique. Les enfants se retrouvent seuls sur une île montagneuse. Obéissant à Ralph, le chef qu'ils ont élu, ils s'organisent pour survivre. Mais, pendant la nuit, leur sommeil se peuple de créatures terrifiantes. Et s'il y avait vraiment un monstre tapi dans la jungle ? Sous l'impulsion de Jack, violent et jaloux de Ralph, la chasse au monstre est déclarée. Mais les partisans de Jack et ceux de Ralph ne vont pas tarder à s'affronter cruellement.

Le Dieu cornu
Sa majesté des mouches est un grand classique de la littérature britannique. Un groupe d'enfants échoue sur une île déserte. Au début, ils pensent jouer les Robinson jusqu'à ce que les secours arrivent, mais bien vite certains d'entre eux déchantent en s'apercevant que les adultes ne réagiraient pas comme cela à la situation, et pour cause : il faut construire des abris, trouver de la nourriture, s'occuper des plus petits et maintenir en état de permanence un feu servant non seulement de lumière et de chaleur, mais aussi de signal de secours. Il leur faut vivre en communauté, s'organiser un petit système politique et une hiérarchie (ce sont des enfants de la haute société). Cependant, nous sommes loin des idées paradisiaques de Jean-Jacques Rousseau. Le groupe se sépare en deux, mue par la peur d'un éventuel monstre vivant sur l'île. Ici, l'enfant se laisse submerger par ses pulsions de vie au-delà de l'organisation sociétale, il redevient sauvage. Il préfère chasser et dormir dans la nature. Il organise des orgies de nourriture, des danses tribales et des meurtres rituels dans l'espoir d'apaiser l'esprit du monstre. On ne peut pas dire qu'il est malheureux. Bien au contraire, il ne fait qu'un avec sa nature profonde et animale. Le deuxième camp, très restreint, se constitue de mômes doux et sensibles, qui maîtrisent le feu grâce aux lunettes d'un des membres, préfèrent la plage à la forêt, vivent de la pêche et habitent dans des abris en feuilles de palmiers. Ils subissent les assauts de l'autre groupe, les plus faibles partant en premier. Leur tentative d'ordre échoue. En tant que lecteur, on en ressent de la frustration au premier abord. Mais, comment aurait-il pu en être autrement?, se dit-on par la suite. Car, Sa majesté des mouches demeure une dystopie teintée de naturalisme, un roman d'apprentissage dans ce qui pourrait bien être le meilleur milieu pour apprendre la vie : dans la nature la plus libre et la plus cruelle.
Un roman captivant, qui joue sur l'exotisme, la notion de liberté et de civilisation, et sur l'aventure la plus sauvage qui soit, celle de la vie où plus aucune loi ne peut retenir l'instinct primitif de l'être humain.


2 commentaires:

GeishaNellie a dit…

Celui-là il est dans ma PAL et je rêve de le lire depuis belle lurette, tu me donnes le goût en tout cas.

Mascha a dit…

Je te le recommande vivement! ^^